lundi 8 octobre 2012

Critique : Tous les espoirs sont permis : une Desperate housewife chez le Schtroumpf Grognon (10/10/12)


Tous les espoirs sont permis 

De David Frankel
Avec Meryl Streep, Tommy Lee Jones, Steve Carell...

Arnold et Kay sont mariés depuis plus de 30 ans. La passion a fait place à la routine : Monsieur part travailler sans un mot après que Madame lui ait préparé son petit déjeuner, il rentre à 18h, et s'installe devant son programme télé de golf après avoir diner en silence. Kay n'en peut plus ! Elle a envie d'autre chose, de retrouver celui qu'elle aime et ne plus dormir seule dans sa chambre à part. Redonner du piment à sa vie de couple devient une priorité. Elle découvre un livre écrit par un thérapeute spécialisé dans les problèmes de couple. Kay réussit à traîner son bougon de mari jusque dans le fin fond du Maine pour une semaine intensive de reconstruction de vie à deux. Le chemin sera long et parsemé de doutes, de questionnements, de rires et de douleurs...

Je t'aime, moi non plus...


Si les rom-com ont souvent eu tendance à parler de et à des trentenaires en pleine crise existentielle, il est évident que les producteurs ont depuis peu compris que les gens d'un âge certain avaient de plus en plus leur place sur le grand écran au vu du vieillissement général de la population. Et certains ont eu leur succès, que ce soit dans l'émotion de la gestion de la fin de vie dans Indian Palace, ou dans la dérision du refus de la mise au rencard dans Red. Dans Tous les espoirs sont permis, il est question de tendresse et de redécouverte de la sensualité et du désir. Un voyage vers l'épanouissement passé 60 ans. On vous le dit : les vieux ont leurs plus belles années devant eux ! Et c'est là tout le propos de David Frankel qui a eu le courage de s'y atteler.



Tous les espoirs étaient permis au vu du casting brillant et du succès des précédents films du réalisateur (Le Diable s'habille en Prada, Marley & Moi). Mais si l'idée de départ avait de quoi séduire (surtout lorsqu'on vous apprend que la turlutte est le meilleur moyen de récupérer votre mariage...), le traitement est plutôt didactique, parfois bavard et n'évite pas les phrases toutes faites sans réelle profondeur.



Frankel alterne avec sobriété situations grotesques et moments plus graves sans jamais pousser l'un ou l'autre à fond. Il ose une certaine noirceur des sentiments lorsqu'il évoque le dégoût de l'autre quand il s'agit de se mettre littéralement à nu et de passer à l'acte, mais n'approfondit pas son propos. Et pourtant, on est surpris de voir que le psy s'attaque directement et sans ambages à la sexualité de nos deux amoureux éteints. Steve Carrel étonne par sa simplicité et son charisme tout en retenu lorsqu'il pose des questions intimes et crues (mais jamais graveleuses) le plus sérieusement du monde.



Cette histoire manque finalement de piment mais est transcendée par des acteurs magiques et à qui le cabotinage va bien. Et si j'osais, je pourrais dire que 90% du film repose sur les seules épaules de la fabuleuse Meryl Streep. L'actrice aux 3 Oscars (dont La Dame de fer) et aux 17 nominations donne une émotion d'une justesse désarmante à son personnage. Tout son enthousiasme, sa volonté de sauver ce qu'il reste à sauver de son mariage mais aussi sa détresse émotionnelle et affective nous prennent au cœur. Et la voir se mettre dans des situations rocambolesques à de quoi faire sourire (même si encore une fois, plus d'audace n'aurait pas nuit au propos).

Quant à Tomme Lee Jones, l'air renfrogné, bourru et son insensibilité montrent un jeu plus subtile qu'il n'y paraît. Arnold évolue différemment de Kay et tout son jeu réside dans le non-dit, des expressions et un phrasé bien à lui. Restera cette scène où lorsque le psy lui demande de parler de sa vie sexuelle sans détour, il bredouille, cherche ses mots sans les trouver, mais tous ses sentiments transparaissent à grand renfort de gros plans montrant tour à tour ces charmants sexagénaires plus vrais que nature.


En résumé : Si Tous les espoirs sont permis ne donne pas de recette miracle pour ne pas tomber dans le panneau de l'amour par habitude et la co-location plutôt que du vivre-ensemble, il livre une comédie romantique proprette et agréable... sans casser des pipes.

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