mercredi 20 février 2013

[Critique] Sublimes Créatures : la magie opère… sans (trop de) guimauve (27/02/13)

© SND
SUBLIMES CREATURES

De Richard LaGravenese
Avec Alden Ehrenreich, Alice Englert, Viola Davis, Emma Thompson, Jeremy Irons...

Gatlin est une petite ville tranquille du sud des Etats-Unis, où tout le monde se connaît et où il ne se passe pas grand chose. Les habitants y sont étroits d'esprit et de fervents croyants obsédés par l'éventuel retour du Malin. Toujours prêts à faire circuler des rumeurs, ils entretiennent les clichés d'une Amérique profondément contre toute idée de changement. C'est là que vit Ethan, un lycéen rêveur, qui "entre dans le moule par obligation" mais qui s'évade comme il peut grâce à ses bouquins de science-fiction. Son ambition : partir le plus vite et le plus loin possible de cette ville qui l'étouffe. Il a envie de liberté, de nouveauté et d'ailleurs… Et c'est à travers Lena, une nouvelle élève, aussi belle que mystérieuse, qu'il va pouvoir entrevoir le bout de son rêve. A force de persévérance, Ethan convainc la jeune fille de devenir amis - et plus si affinités - montrant son côté rebelle-pas-comme-les-autres et sa soif d'aventures. Mais Lena non plus n'est pas une ado comme les autres. C'est une ensorceleuse, emplie d'une magie dont elle ne contrôle pas tous les effets. A l'aube de ses 16 ans, elle ne sait pas si son destin prévu par la Lune basculera du côté maléfique ou du côté des gentils. 

Sweet sixteen


© SND
Lorsqu'on mélange ados, forces surnaturelles et amour interdit (voire impossible), inévitablement, on pense à la saga Twilight. Et de façon incontournable, on est forcé de comparer. Bella et Edward ayant définitivement rangé leurs crocs, le nouveau couple à la mode s'appelle Ethan et Lena. Mon entrain était plutôt timide à l'entrée en salle. Contre toute attente, j’avoue avoir été très agréablement surprise par Sublimes créatures. 



© SND
© SND
Premier opus adapté de la série littéraire La saga des Lunes (écrite par Kami Garcia et Maragaret Stohl), le scénario de Sublimes Créatures ne tombe pas dans les travers de son prédécesseur vampirique. Ici, point de personnages devenus icônes tellement glamourisées qu'elles en deviennent irréelles. Les ado - acteurs comme personnages - sont ici de jeunes inconnus / lambda vivant des soucis bien de leur époque. Le réalisateur n'est pas tombé dans le piège de la lourdeur mielleuse et dégoulinante de Twilight, ni dans les clichés qui fusent généralement dans les films pour ado. Si l’amour et les grandes envolées émotionnelles restent l'un des thèmes centraux et une force indéniable, ils sont vite contre balancés par un humour second degré, aussi inattendu que bienvenu. Reste que cette valeur ajoutée absente chez Twilight peut parfois devenir un point noir dans le film de LaGravenese. Il est la plupart du temps, mal dosé. Si certaines répliques sont cinglantes et efficaces, nombreuses sont celles qui tombent à plat rapidement. 




On se délecte malgré tout de voir les deux héros se chercher, se tourner autour, s'envoyer des piques, des vannes… un jeu de la séduction mordant dont le rendu est plein d'énergie. Certains le verront comme trop rapidement "conclu", contrairement à Twilight où le premier baiser fait l'objet d'une attente à rallonge, signe de pureté et d'amour unique et véritable. Mais dès le départ, on comprend à coup de voyage dans le temps qu'ils sont de vraies âmes sœurs de longue date. Les sentiments sont présents tout le long mais on n’en surestime pas les effets. Un peu comme dans Hunger Games : on ne trouve ni victime, ni méchant pur et dur à chasser, ni schématisation du Bien et du Mal (même si les intentions du réalisateur sont parfois à la limite de le faire). La ville, reflet d'une société actuelle en repli sur soi, incapable d'accepter la différence et ne comptant que sur la religion (ou autre croyance) pour la sauver, est une image forte de notre individualisme croissant.


Quant aux acteurs interprétant les deux amoureux, ils sont à la hauteur des rôles qu'on leur a proposés. On apprécie leur réelle complicité communicative et leur naturel désarmant. Ils développent une dynamique parfaite et nous prennent par la main sans qu'on s'en aperçoivent. Et on a plaisir à retrouver Viola Davis (que j'avais adoré dans La Couleur des sentiments) et Emma Thompson, à qui le fantastique va décidément bien (Nanny McPhee et Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban). Ainsi que l'accent du Sud !


© SND
Si le scénario est attendu et quelques clichés un peu grossièrement évoqués (la religion maintes fois invoquée comme protection et solution contre l'inconnu qui effraie), on peut apprécier que les effets spéciaux sont utilisés avec parcimonie. Etonnant pour un film fantastique adressés à un jeune public et le contexte magique. Même s'ils dépassent largement en qualité ceux de Twilight (en même temps, il n'y a pas de mal), ils ont un petit air poussiéreux des années 90. En revanche, les décors et les costumes (principalement, les robes des ensorceleuses) sont sublimes et cohérents avec l'esthétique globale du long-métrage.


En résumé :
Sublimes Créatures développe une histoire adolescente qui fait son effet mais moins guimauve que Twilight. La magie opère et on la laisse faire.

Messages les plus consultés