samedi 22 juin 2013

[Critique] A very Englishman : du porno sixties sauvé par son héros (19/06/13)


A VERY ENGLISHMAN
De Michael Witterbottom
Avec Steve Coogan, Imogen Poots, Anna Friel, Tamsin Egerton...

Sortie le 19 juin 2013

Paul Raymond a été sacré plus grosse fortune du Royaume-Uni en 1992. Cet homme d'affaires farfelu mais visionnaire a bâti sa fortune en déshabillant les filles dans les cabarets de Soho dans les années 1960-70, avant de lancer l'un des premiers magazines porno-glamour nommé Men Only. Ce qui lui a valu l'ire des plus conservateurs.






Michael Winterbottom retrouve son acteur fétiche, l'immense Steeve Cogan, avec qui il a signé ses plus beaux succès (The Trip, Tournage dans un jardin anglais, 24 hour party  people...). Et heureusement que l'humoriste déjanté est là car ce biopic ne vaut d'être vu que pour sa performance impeccable.
Si le réalisateur nous emmène à nouveau avec délice dans cette culture british colorée et peu conventionnelle avec des décors fantastiques, le voyage s'avère moins savoureux que les précédents, voire ennuyeux. Si la première moitié du film est enivrante de par son hédonisme, et ses bulles de champagne qui coule à flots, ses jolies demoiselles et leurs strass pour tout costume, ses images en kaléidoscope façon sixties et son humour typiquement british, la seconde moitié vire au tragique, au sexe glauque et à la sinistrose contagieuse.

Si Milos Forman avait réussi un biopic sulfureux et bien mené avec Larry Flint (portrait de Hugh Hefner, patron de l'empire Playboy), Winterbottom a choisi un angle bien différent pour son film. Il préfère dresser le portrait d'un Paul Raymond empereur flamboyant mais esseulé malgré ses soirées mondaines et libertines, d'un roi sans réel héritier, qui fait sombrer sa fille dans la dépendance à la drogue sans avoir le moindre sursaut. Le côté obscur du bonhomme se fait alors pesant. D'échecs commerciaux en histoires d'amour et de famille déçus, Paul Raymond vire au personnage de tragédie grecque, imposant un drame sans âme. Seul le jeu de Coogan fait en sorte de faire passer la pilule.

En résumé : Voilà un biopic râté malgré un premier rôle époustouflant.

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