vendredi 1 novembre 2013

Critique : Il était temps : Une RomCom loin des clichés (6/11/13)

IL ETAIT TEMPS

De Richard Curtis
Avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy, Tom Hollander…

Sortie le 6 novembre 2013


Lors d'une nième soirée ratée du réveillon du Nouvel An, Tim se voit révéler un lourd secret héréditaire : depuis des générations, les hommes de la famille ont la capacité de voyager dans le temps. Non pas pour changer l'Histoire, mais pour modifier leur propre existence et (normalement) rendre leur vie meilleure. Au départ bien embêté par ce "pouvoir" qu'il considère comme un fardeau incontrôlable, Tim va tenter de se construire une vie amoureuse. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme prévu ! Alors qu'il trouve la femme de ses rêves, un voyage dans le temps mal géré efface cette merveilleuse rencontre. C'est en voyageant dans l'espace-temps que Tim apprend petit à petit à ruser avec le destin pour que sa vie devienne celle qu'il désire, sans oublier d'améliorer celle de son entourage. Mais il va vite s'apercevoir que ce don ne lui épargnera pas les déceptions, les chagrins et les tourments de la vie que chacun doit affronter pour se construire.

Si vous connaissez la filmographie de Richard Curtis, à première vue, vous serez surpris (et circonspect ?) de le voir passer du côté (obscur ?) de la science-fiction. Mais le maître de la comédie romantique (Love Actually, Coup de foudre à Notting Hill, Quatre mariages et un enterrement, Le Journal de Bridget Jones...) n'est pas tombé dans la marmite des super pouvoirs pour en faire une grosse comédie qui tache. Ce n'est pas le genre de la maison ! Avec Il était temps, il signe une romcom atypique, mais dans laquelle on reconnaît la Curtis touch cette savoureuse recette entre rire et larmes, et qui ne tombe jamais dans le pathétique larmoyant. 

Le film retrace avec bonheur tous les types de relations, amicales, filiales et amoureuses, qu'on noue au cours d'une vie : celles qui passent le temps d'un béguin, celles qui durent toute la vie, celles qu'on n'a pas envie de voir se terminer, et tout l'engagement personnel que chacune demande.  
La première partie du long-métrage est un peu classique (une fois la partie surnaturelle dépassée) avec pour point de départ une rencontre entre un homme et une femme. Quitte à jouer avec les voyages dans le temps, on aurait pu penser que le scénario jouerait la carte de l'absurde jusqu'au bout, avec un grain de folie supplémentaire Le résultat est plutôt sympa mais manque d'une étincelle de fantaisie supplémentaire.

On s'attardera donc davantage sur la seconde partie, qui va plus loin que la simple relation amoureuse finissant en happy end. Le film pose de véritables questions quant à la possibilité ou non de toucher du doigt la vie rêvée parfaite. Souvent, on se demande "Et si je pouvais tout effacer et recommencer, que ferais-je ?". Et finalement, pragmatique et/ou résigné, on se rend compte que peut-être cette situation n'est pas forcément plus enviable. Tim l'apprend à ses dépens : un grand pouvoir vient avec une grande responsabilité. Ici point de sauvetage de l'humanité, mais des choix concernant la vie de ceux qu'on aime, essayant de leur éviter le moins de malheur possible. Et la comédie de l'irréelle se transforme en comédie du réalisme, avec tout les drames et les petits bonheurs que la vie distille. Malgré un esthétisme de catalogue et des personnages pas assez cabossés (mais pas lisses non plus), Richard Curtis livre un film plein de sentiments authentiques, sans chercher à tirer les larmes de son public. La petite réplique qui fait mouche ou une situation improbable font toujours irruption pour l'en empêcher !

© Universal PicturesCôté casting, on retrouve avec bonheur Bill Nighy (Good Morning England, The Constant Gardener, Indian Palace, La Dame en noir...) qui illumine le film de son charisme flamboyant et de son inimitable humour pince-sans-rire anglais chaque film auquel il participe -- même si ceux-ci sont moyens, voire catastrophiques (Jack le chasseur de géants). Mais surtout celui qu'on avait découvert dans le rôle de Bill Wesley dans Harry Potter, et apprécié dans le sublime Anna Karenine de Joe Wright : Domhnall Gleeson (fils de Brendan, alias Maugrey "Fol Oeil" dans Harry Potter), déjà en amoureux transi dans la campagne russe. Grand dadais gauche au visage d'éternel adolescent, il campe ici à la perfection Tim, ce jeune homme perdu et si déterminé à la fois. A ses côtés, la jolie Rachel McAdams reprend son rôle de jeune femme romantique habituelle, gentille et pétillante mais manquant une peu de relief. (mais faudra lui dire, cette coupe de cheveux... ça n'est pas possible !) Pourtant, ce couple fonctionne à merveille, au milieu d'une pléiade de seconds rôles aussi loufoques que caricaturaux (et trop peu approfondis, à mon sens).

En résumé : Il était temps nous rappelle avec légèreté et délicatesse que malgré tous nos efforts on ne peut éviter le malheur, mais qu'il faut profiter de chaque instant, et faire de chaque moment un vrai petit bonheur.

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