jeudi 25 février 2016

[Avis] Room : voir le monde entre 4 murs (09/03/16)

ROOM

De Lenny Abrahamson 
(d'après le roman de Emma Donoghue)
Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen, William 
H. Macy

Sortie : 9 mars 2016


Jack, 5 ans, est un petit garçon plein de vie et à l'imagination débordante. Il vit seul avec sa mère, qui lui apprend à jouer, à rire, aimer ce qui l'entoure. Son monde n'est pas celui d'un enfant de son âge : le sien commence et s'arrête aux murs de la cabane de jardin dans lequel ils sont retenus prisonniers par un kidnappeur depuis plusieurs années. C'est le seul endroit que Jack ait jamais connu. L'amour de sa mère le pousse à tout risquer pour qu'il s'évade et découvre le monde extérieur. Une expérience à laquelle il n'était pas du tout préparée...


Room fait partie des films indé délicats, à la poésie toute particulière malgré l'horreur inspirée de faits réels sordides ayant fait la une des journaux télé (Natascha Kampusch, Elisabeth Fritzl...). Il nous entraîne dans une histoire de double voire triple enfermement, dont le point de vue est majoritairement celui d'un petit garçon dont l'univers se limite à quatre murs. Il n'a jamais vu le monde extérieur et pourtant, sa vision de la vie est troublante d'optimisme et de poésie (il dit bonjour aux choses de la pièce le matin), coincée entre la vérité vraie (celle du dehors), et celle racontée/détournée par sa mère qui essaie de garder intact l'innocence de son enfant. 

La première partie donne le ton : une douceur apparente laisse place à une sensation d'étouffement dans cette pièce exigüe. La violence de la situation s'impose peu à peu. Ce jeune garçon aux cheveux longs est-il prisonnier ? Que fait-il là ? Qui le retient ? Pour quelle raison ? La pesanteur de l'atmosphère tente d'être allégée par cette mère admirable, qui ne tient moralement et physiquement que pour son enfant. Elle joue avec lui et tente de rendre cette enfermement le moins douloureux possible. Mais on sent qu'elle se laisse glisser peu à peu vers le désespoir. Une seule possibilité s'offre alors : l'évasion, qui donne des séquences d'entraînement prenantes pour un résultat éloquent.

Dans cette seconde partie, on perd un peu de l'intensité du départ, donnant au film des ressorts plus classiques : l'extérieur devient finalement aussi oppressant qu'en captivité. Surmonter les dommages psychologiques, appréhender une nouvelle réalité pour Jack, qui s'aperçoit que sa vision du monde n'était que limitée. Le scénario semble alors un peu patiner et ne pas savoir comment introduire l'arrivée de nouveaux personnages, de la même façon que les anciens prisonniers ont du mal à gérer l'interaction avec leur nouvel entourage. Résultat, on perd la narration centrale du jeune Jack qui renforçait le récit. Le rôle des grands-parents est esquissé, les stéréotypes reviennent à la charge (les médias pressants fouillant les moindres détails sordides...). Dommage. Mais l'interprétation de Brie Larson, 26 ans (et déjà 20 ans de carrière, Oscarisée pour le rôle, dégage une incroyable intensité, mélange entre peur et détermination, fragilité et force, qui touche au cœur. Un style de jeu totalement engagé qui avait déjà brillé dans States of Grace. Au-delà de son adorable bouille enfantine, la nouvelle coqueluche de l'Amérique, Jacob Tremblay étonne par son jeu étonnamment mature pour son âge, et donne le change à son aînée sans aucune fausse note. En espérant qu'il ne soit pas broyé par le système comme tant d'autres avant lui.  

En résumé : un film bouleversant, d'une puissance rare et véritable ode au lien maternel et à la force mentale.

 

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