samedi 10 janvier 2015

[Critique] Wild : une aventure humaine intérieure et extérieure (14/01/15)


WILD


De Jean-Marc Vallée 
Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern...

Sortie le 14 janvier 2015

Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed se cherche et finalement prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un par fou : un voyage de 1 700 km, en solo et à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force. Une femme qui essaie de se reconstruire décide de faire une longue randonnée sur la côte ouest des Etats-Unis.






Après le très acclamé et Oscarisé Dallas Buyers Club, C.R.A.Z.Y et le plus discret Café de Flore, Jean-Marc Vallée explore les tréfonds des limites humaines. Si le film de survie extrême n'a rien de nouveau (127 heures, Buried, Into the Wild….), la force de Wild réside dans sa construction et le récit musical de l'histoire (vraie) de Cheryl, ravagée par la vie et ses excès, mais qui se donne les moyens de rebondir et de reprendre sa vie et son estime de soi en main. Une histoire de rédemption comme les aime les Américains… Mais cette fois-ci la recherche du sens de la vie ne se fait pas qu'à travers l'endurance et la souffrance physique. Wild doit se voir comme un véritable trajet mental et émotionnel dans lequel l'héroïne fouille dans sa mémoire afin de retrouver des morceaux d'humanité et sa personnalité avant qu'elle ne bascule… après la mort de sa mère, le centre de son univers.

Le réalisateur dévoile peu à peu la vie de cette jeune femme sous forme de patchwork  déconstruit puis reconstruit, entre flash-backs sans son subrepticement intercalés comme des pensées de Cheryl, et voix-off en forme de journal intime. Des artifices maintes fois utilisés pour ce genre de long-métrage, mais qui sont ici choisis pour des raisons pratiques alors que Cheryl interroge son passé, ses erreurs et ses regrets pour entrevoir son avenir. Et il est vrai que le scénariste a un poil chargé le passé de Cheryl en mélo ! Un père alcoolo et violent, un frère qui s'est éloigné d'elle, un divorce mal vécu, une mère morte rapidement après une longue maladie… Mais se serait-elle laissé glisser vers une petite mort, et une réel questionnement, si la coupe n'avait pas été pleine ?

Dès le début, il est évident que la marche qu'elle entreprend a valeur de voyage introspectif et existentiel. Mais l'intelligence du film est d'avoir pris en toile de fond les musiques de sa vie pour articuler son introspection. On a tous des titres dans la tête qui ont marqué notre existence et qui sont liés à des êtres plus ou moins chers. L'écriture musicale fonctionne parfaitement et ne fait pas du trajet de Cheryl un pensum. Elle réunit différentes époques, tonalités, passant de Portishead et Simon & Garfunkel à Bruce Springsteen, Paul McCartney en passant par Schubert, First Aid Kit, Free, Leonard Cohen et The Shangri-Las. Un mélange qui n'aurait pas pu être autre au vu de l'obsession qu'ont Nick Hornby (auteur de romans à la base) et Jean-marc Vallée pour la pop. Au final, les réflexions et les enjeux s'emboitent parfaitement, et forme un ensemble cohérent.

Tel son personnage, Reese Witherspoon a pris un tournant dans sa carrière il y a quelques années, et cela lui va bien. On la retrouve sans fard, mise à nu littéralement et de façon figurée, mettant tout son talent en avant.

Résumé : Une fluidité esthétique et narrative qui sort Wild du lot de films introspectifs habituels, et qui le rend humain et touchant, sans tomber dans le pathos excessif et forcé.



Bande-annonce : Wild - VOST par PremiereFR

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